CNRD 2015 : CORRECTION PROPOSEE PAR EVA ROUSSELLE

par M. Bujaud

CORRECTION DE L’EPREUVE INDIVIDUELLE DU CNRD

La troisième partie de l’épreuve individuelle était notée sur 12 points.

Pour rappel, le sujet était le suivant :
"Dans un développement construit et organisé :
Vous direz dans quel contexte et quelles conditions ont été libérés les camps nazis.
Vous expliquerez ensuite comment s’est effectué le retour des déportés.
Vous poursuivrez en expliquant que ce retour et les témoignages des déportés ont permis, dès 1945, de découvrir et de diffuser les réalités de l’univers concentrationnaire.
Enfin, vous direz pourquoi cette connaissance est, pour vous, fondamentale."

La correction ci-dessous a été rédigée par Eva ROUSSELLE (3eB). Nous la remercions pour avoir autorisé la reproduction ici de son récit :

"Peu après la libération des camps, les déportés peuvent enfin espérer le retour. Les témoignages de déportés sont importants pour permettre au monde de comprendre la notion de "crime contre l’humanité".
En 1944 et 1945, après les débarquements alliés en Normandie et en Provence les 6 juin et 15 août 1944, les nazis prennent peur et tentent de détruire les preuves de leurs crimes. Ils évacuent les camps et les détruisent. Les déportés sont évacués soit dans des trains à bestiaux à ciel ouvert qui subissent les bombardements alliés, soit à pied lors des marches de la mort. La plupart des déportés sont évacués mais les plus faibles sont abandonnés ou tués. Quand les alliés libèrent certains camps, ils sont pratiquement vides. Mais d’autres camps sont surpeuplés. Celui de Dachau, conçu pour 5000 déportés en contenait 30 000 à la libération. Le camp de concentration de Theresienstadt a lui été libéré à la suite de négociations entre les Allemands et la Croix-Rouge. Ce qui a marqué les soldats alliés à [la] découverte des camps, c’est l’odeur de charnier, de saleté, de chair brûlée ou en décomposition. Certains survivants des camps de concentration décrivent les soldats américains comme hagards devant le spectacle de coprs décharnés, amaigris et sales. Pour Primo LEVI, la liberté signifie "plus d’Allemands, plus de sélections, plus de travail ni de coups ni d’appels." (Si c’est un homme)
Le retour des déportés se fait par train ou plus rarement par avion à l’aéroport du Bourget. Un ministère spécial est créé. Les déportés sont accueillis à l’hôtel Lutetia pour une durée de trois jours afin de passer des examens médicaux et des interrogatoires de police. Un appel à la solidarité nationale est lancé pour collecter des vêtements, de l’argent...Les déportés qui réussissent à retrouver leurs familles ont des difficultés à expliquer à leurs proches ce qu’ils ont vécu les coups, la faim. "La faim dans les camps, ce n’est pas la même chose que la faim quotidienne". Ils ont aussi des difficultés à trouver les bons mots. Les déportés sans proches doivent entièrement se reconstruire. Ils auront des séquelles à vie comme de la stérilité ou un risque de mourir d’indigestion. Ils font aussi des cauchemars.
Certains déportés ont des difficultés à témoigner de peur que l’on ne les croit pas. Il ne faut pas choquer, et trouver les mots justes. C’est la raison pour laquelle certains ont gardé le silence. D’autres ont raconté la vie dans les camps afin de montrer au public l’horreur des camps de concentration. Des déportés ont écrit des livres sur cette période de leur vie comme M. CHAUFFIER (L’homme et la bête) ou Primo LEVI. Les médias ont contribué à la découverte de l’univers concentrationnaire. Témoigner dans des collèges et lycées a aidé certains déportés totu en sensibilisant les jeunes à cette réalité.
Pour moi, cette connaissance est fondamentale afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs du passé. C’est en étudiant cette période et toute l’Histoire que l’on comprend le monde d’aujourd’hui. Ecouter les anciens déportés, les croire et essayer de comprendre est important autant pour eux afin qu’ils n’aient pas le sentiment d’avoir été ignorés à la fin de la guerre, que pour nous. Il faut [savoir] que des millions de Juifs et d’Hommes qui sont morts à cause de la folie d’un homme. Comme l’a dit Simone VEIL, il faut le savoir en hommage aux déportés qui auraient pu être des artistes, des hommes politiques, des écrivains aujourd’hui. Dans ce que j’ai lu dans le cadre de mes recherches pour le CNRD, j’ai eu l’impression qu’un sentiment d’injustice, de résignation se dégageait des témoignages des déportés sur leur retour. Il n’y a pas de mots pour décrire ce que j’ai ressenti mais j’ai l’impression d’un préjudice par rapport aux déportés. Je me demande aussi pourquoi il a fallu attendre 1954 pour les lois de mémoire. Pour que les générations futures puissent connaître l’histoire de leur pays et de leurs ancêtres, toute l’histoire, même les passages les plus sombres, je pense qu’il est important de garder les traces de cette période à l’heure où les derniers survivants des camps disparaissent petit à petit. C’est pour ça que je ne regrette pas d’avoir participé au CNRD, et ce concours m’a permis de "m’ouvrir les yeux" sur de nombreuses réalités que je soupçonnais pas en me basant uniquement sur les cours d’Histoire. Tout ce que j’ai acquis en participant au CNRD est pour moi fondamental et aussi important que ce qu’on apprend dans le cadre des cours traditionnels."

Encore bravo à toutes les candidates du collège Georges Duhamel qui ont participé à l’épreuve individuelle et à l’épreuve collective ! Elles ont fait preuve de beaucoup de courage comme en ont témoigné leurs productions.