CNRD 2013 : DEBUT DE LA CORRECTION DE L’EPREUVE INDIVIDUELLE

(actualisé le ) par M. Bujaud

CORRECTION DE L’ ÉPREUVE INDIVIDUELLE DU CNRD (SESSION 2013)
VENDREDI 22 MARS 2013

L’épreuve individuelle du CNRD (thème de la session 2013 : "Communiquer pour résister") s’est tenue le vendredi 22 mars, sous la surveillance de M. PAUSE, de 9 à 11 heures.

Les élèves de 3e volontaires ont composé sur un sujet divisé en deux parties. La première partie proposait une étude de documents, la seconde partie des questions en rapport avec des connaissances sur le sujet.

La dernière question de la seconde partie n’a pas de correction ("Dans un développement construit d’une vingtaine de lignes, vous direz, en vous appuyant sur vos lectures et témoignages consultés, en quoi la communication était essentielle dans l’organisation de la Résistance ?"). J’attends de pouvoir mettre en ligne la rédaction d’une candidate une fois la correction achevée (dates : du 3 au 5 avril 2013) et le classement confirmé.

Ce document est une proposition de correction. Les réponses ne sont qu’indicatives et n’ambitionnent pas d’être complètes.

PREMIERE PARTIE : TRAVAIL SUR DOCUMENTS (20 points)
Document 1 : Conseils pour résister
1. Citez le nom de l’émission au cours de laquelle on a pu entendre l’intervention de M. Hauck. (1 point)
Le nom de l’émission au cours de laquelle on a pu entendre l’intervention de M. Hauck est "les Français parlent aux Français", diffusée sur les ondes de la BBC.
2. Quelles sont les difficultés de communication entre la France occupée et les Français Libres de Londres que M. Hauck exprime en décembre 1940 ? (2 points / 0,5 point par bonne réponse)
Il y a de nombreuses difficultés de communication entre la France occupée et les Français Libres : "la censure" et "le danger" [ligne 2] ; les Allemands espionnent la radio ("les Allemands écoutent, sténographient, enregistrent" [lignes 9 et 10]).
3. D’après ce document de décembre 1940, la Résistance vous semblait-elle très organisée ? Vous justifierez votre réponse en citant de brefs passages du texte. (2 points)
En 1940, la Résistance ne semble pas encore tout à fait organisée. Il y a certes déjà eu des actes de résistance spontanés ("rails de chemin de fer déboulonnés", "lignes téléphoniques coupées", "réservoris de pétrole incendiés"...[lignes 23 – 24]). Mais ces actes ont été faits "d’instinct" [ligne 24], sans qu’il y ait eu au préalable la moindre coordination.

Document 2 : Exemples de "messages personnels" passés à la BBC
4. A qui étaient adressés ces "messages personnels" ? D’où provenaient-ils ? (2 points)
Tous ces "messages personnels" (ex : "Les revenants seront au château ce soir", "Jean joue bien le banjo" ou encore "Méfiez-vous des coups de soleil") étaient adressés aux Résistants Français (FFI). Ces derniers devaient écouter très attentivement les ondes de le BBC. La BBC était en effet "prêtée" par le gouvernement britannique afin de relayer les ordres des Forces Françaises Libres de De Gaulle jusqu’aux Résistants.
5. Quelle était la forme de ces messages et à quoi pouvaient-ils servir ? (2 points)
Ces messages étaient très courts. Ils paraissaient anodins, presque sans intérêt, à première vue. A priori, ils ne semblent pas avoir la moindre logique. En fait, ils correspondaient à des codes empêchant les Allemands à l’écoute d’en comprendre la teneur véritable. Les Allemands ne parvenaient pas à empêcher la diffusion de ces messages, malgré des tentatives pour brouiller leur émission. Les différents réseaux de Résistance connaissaient le sens de chaque message qui leur était adressé (missions de sabotage, d’espionnage, d’évasion...).

Document 3 : Extrait des mémoires d’un agent secret de la France Libre, le Colonel Rémy
6. En quoi la mission de radio était-elle "périlleuse" selon le Colonel Rémy ? (1 point)
La mission de radio était "périlleuse" car les risques étaient nombreux ("ils se traduisaient pour lui par le peloton d’exécution et entraînait souvent pour ses proches les pires représailles" [lignes 3 et 4]). L’espérance de vie d’un radio en mission n’était que de 6 mois !
7. Après avoir précisé ce que l’on entendait par "cloisonnement", vous direz pourquoi il était indispensable à la survie des réseaux de Résistance comme ce fut le cas pour le réseau de la "Confrérie Notre-Dame". (2 points)
Le "cloisonnement" est l’action de limiter le nombre d’informations transmises à chaque Résistant (Ex : le nom du chef de la "Confrérie Notre-Dame n’était pas connu du radio Marcel Rousier). De cette manière, les résistants qui étaient arrêtés ne risquaient pas de transmettre des informations sensibles, même s’ils étaient menacés des pires représailles et torturés. D’autre part, en cas de trahison toujours possible, les conséquences étaient moins dramatiques pour le réseau qui était touché.
8. Pourquoi la condamnation prononcée était-elle particulièrement sévère ? (1 point)
La condamnation à l’encontre de Marcel Rousier fut particulièrement sévère, puisqu’il fut "jugé et condamné à mort par un tribunal militaire allemand" et "fusillé au Mont Valérien le 13 mai 1943.

Document 4 : Une d’un des journaux de la Résistance Libération lors de l’instauration du Service du Travail Obligatoire (STO)
9. Pourquoi, comme sur le document ci-dessus, les journaux de la Résistance utilisaient-ils des petits formats ? (2 points)
Les journaux de la Résistance utilisaient des petits formats car ils étaient imprimés clandestinement. Le papier était rare car rationné (la presse de collaboration comme Paris Soir ou Je Suis Partout n’en était pas privée). Le papier utilisé était aussi souvent de mauvaise qualité. 
10. Comment étaient distribués ces journaux de la Résistance ? (1 point)
Ils étaient distribués clandestinement (donc le plus discrètement possible). Les personnes chargées de cette mission pouvaient être dénoncées et/ ou arrêtées par les forces d’occupation.
11. Quels buts cherchaient à atteindre les rédacteurs de ces journaux ? (2 points)
Les rédacteurs de ces journaux cherchaient à informer, "recruter de nouveaux résistants" ou tout du moins à maintenir "la flamme de la Résistance" (et donc l’esprit de résistance et le patriotisme au sein de la population, abattue suite à l’exode et à la défaite de mai – juin 1940).
Dans l’exemple proposé ici (Journal Libération, très sûrement en date de 1943), le titre proposé est accrocheur ("La Jeunesse française répond : Merde"). La Résistance incite les jeunes Français à désobéir aux ordres des forces d’occupation et aux collaborateurs (La conscription dont il s’agit est le STO. Le Service du Travail Obligatoire obligeait de jeunes Français à aller partir travailler en Allemagne, en échange d’hypothétiques libérations de soldats Français. C’était le fruit d’un "contrat" passé entre Hitler et Pétain, symptomatique de la politique de collaboration de Vichy).
12. Comment les occupants et l’Etat français ont-ils tenté d’empêcher la diffusion de ces journaux ? (2 points)
Les occupants et l’Etat français ont essayé d’empêcher la diffusion des journaux clandestins de la Résistance en contrôlant l’utilisation du papier et en essayant d’arrêter les rédacteurs et les imprimeurs.

DEUXIEME PARTIE : QUESTIONS (16 points)
1. Par quels moyens les premiers résistants ont-ils cherché à informé la population ? Citez au moins deux de ces moyens. / 2 points
Les premiers moyens dont disposaient les premiers Résistants étaient modestes : émissions de radio (De Gaulle depuis les studios de la BBC), tracts, graffiti et au mieux journaux clandestins.
2. Quel message lu à la radio de Londres est considéré comme l’acte de naissance de la Résistance extérieure ? / 1 point
Le message lu à la radio de Londres considéré comme l’acte de naissance de la Résistance extérieure est l’appel du général de Gaulle du 18 juin 1940 (depuis les studios de la BBC).
3. Quelles précautions les résistants prenaient-ils pour communiquer entre eux ? (Résistances intérieure et extérieure) / 4 points
Les Résistants étaient obligés de prendre de nombreuses précautions afin de communiquer entre eux. Les Résistants faisaient partie de "l’armée des ombres" (titre d’un ouvrage de Joseph Kessel, repris au cinéma quelques années plus tard). Ils devaient littéralement "se fondre dans le paysage". A ce titre, ils devaient dissimuler leur identité et porter un pseudonyme. Par exemple, Jean Moulin était "Max". Ils se reconnaissaient entre eux par l’usage de ces pseudonymes.
Ils ne devaient pas se faire remarquer dans les transports ou dans la rue. Ils étaient détenteurs de fausses pièces d’identité parfaitement imitées.
Des agents de liaison étaient employés pour communiquer.
Les rendez-vous se passaient souvent dans des lieux publics, comme dans des parcs, afin de ne pas éveiller la curiosité des agents allemands.
Un billet ou une image déchirés en deux permettaient à deux résistants qui se rencontraient de se reconnaître. Les agents en provenance de Londres étaient transportés par des pilotes de la RAF expérimentés, capables d’atterrir avec leur Lysander sur des pistes d’atterrissage improvisées en plein champ.
Dans les maquis, il n’était pas rare de siffler des airs connus des seuls Résistants.
Enfin, Marcel Druon (neveu de Joseph Kessel) évoque le cas de Résistants sur le point d’être exécutés ou en prison reprenant le "Chant des Partisans".
4. Quel événement la fin de ce message, "Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone", entendue sur la BBC annonçait-il aux Résistants ? Vous en préciserez la date (jour, mois et année). / 2 points.
L’événement que le message "Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon coeur d’une langueur monotone" (vers du poète Verlaine) annonce aux Résistants est l’imminence du débarquement allié ("Day D" ou "Jour J") en Normandie (6 juin 1944).
5. Parmi les trois affirmations suivantes, recopiez celle qui correspondait à la réalité. / 1 point
L’affirmation qui correspondait à la réalité est la suivante : "Les camions radiogoniométriques étaient un moyen utilisé par les Allemands pour détecter les émissions radio entre Résistants." Les Allemands repéraient l’envoi de messages et envoyaient le plus rapidement possible ces camions à la technologie pointue pour l’époque. Il s’agissait de repérer l’adresse d’où émettait un radio le plus rapidement possible. C’était une véritable course contre la montre pour le radio qui devait couper la communication avant que les Allemands ne puissent le repérer.
6. Dans un développement construit d’une vingtaine de lignes, vous direz, en vous appuyant sur vos lectures et témoignages consultés, en quoi la communication était essentielle dans l’organisation de la Résistance ?
Correction à suivre dans un futur article.